Radiohead @ Bercy
N’ayant plus d’accès régulier à Internet depuis quelques semaines, voici un premier extrait des chroniques que je n’ai pas encore pu mettre en ligne mais qui suivront petit à petit. Ce texte a été rédigé une dizaine de jours après le concert proprement dit, désolé pour le style un peu décousu et les inexactitudes éventuelles.
Paris. Le neuf juin.
Après de nombreux concerts, j’assiste enfin à la prestation de ce qui est considéré comme le meilleur groupe de rock encore en activité. Sauf qu’il ne s’agit pas (que) de rock. Peut être pas le meilleur non plus, mais un grand groupe, à la fois influencé par notre époque et source d’inspiration pour bien d’autres artistes (Julian Fane, s’il ne fallait n’en citer qu’un). Et de Télérama au gothique en herbe, du danseur de tecktonique chevronné au métalleux boutonneux, tout le monde aime Radiohead. Un de ses albums au moins.
Je n’échappe pas à la règle. Je chantonnais Creep et Paranoid Android dans les années 90. J’ai adoré Kid A au début des années 2000. J’ai suivi de près Hail to the Thief quelques années plus tard. Je n’étais qu’à moitié convaincu par In Rainbows mais quelques écoutes attentives sauront me faire changer d’avis.
18h30. Mes compagnons de route et moi-même émergeons du métro. Le chemin a été long et sinueux, entre les routes bouchées et les bouteilles débouchonnées. Devant Bercy, tout va bien. Derrière Bercy, plusieurs centaines de mètres de file. Heureusement, le site est plutôt grand et bien organisé ; la queue se résorbe en une demi-heure.
La salle est effectivement une espèce d’immense gymnase, entouré de gradins qui laisse présager le pire quant à l’acoustique du concert. Comme on pouvait s’y attendre, le public est très hétérogène. Enormément de Français (héhé) mais aussi des Anglais et beaucoup de Belges (d’après les allusions à différents haut lieux de notre plat pays). Beaucoup de jeunes, dont quelques uns n’étaient sans doute pas encore nés lors de la sortie de The Bends…
19h30. Quatre filles fringuées à la Cocorosie débarquent sur scène, accompagnées de deux mecs. Au niveau des instrus, beaucoup de cordes (harpes, guitares, violons), une batterie et pas mal de synthés. La voix de la chanteuse principale est assez proche de Björk, les morceaux oscillent entre des ballades et des morceaux plus électroniques. Rien de méchamment original comparé aux précédentes premi ères parties choisies par Radiohead (les excellents Sigúr Ros par exemple), mais Bat for Lashes tient plutôt bien la route, on ne va pas s’en plaindre.
20h30. Le concert de Bat for Lashes se termine, l’artillerie lourde se met en place. Une soixantaine de tubes néons verticaux sortent des coulisses (on a eu largement le temps de les compter). Trois techniciens-acrobates escaladent la structure métallique, afin de diriger l’impressionnante machinerie. Un immense écran recouvre le fond de la scène.
Après une heure de montage, la scène se dégage. Je suis à une vingtaine de mètres de la scène, on est déjà packt like sardines in a crush et l’atmosphère commence à devenir pesante.
Enfin, les écrans s’allument et Thom Yorke pointe son museau. Pas le Thom autiste qu’on m’avait décrit lors des tournées précédentes. Un Yorke décontracté, les mains dans les poches de sa veste, qui sourit et adresse de petits signes au public. L’assurance d’une rock star qui sait ce qu’elle fait et qui a plus de quinze ans de carrière derrière elle.
Les groupies hurlent et se ruent vers la scène. Chose étonnante, je suis littéralement aspiré quelques mètres en avant par le mouvement de foule alors qu’il me paraissait impossible de bouger un bras quelques minutes plus tôt.
Arrivée des autres membres du groupe tout aussi relax et début des hostilités avec All I Need, un titre du dernier album. Ô joie, le son est impeccable. Pas trop fort, pas de reverb’ pourries, les voix et les instrus sont bien mixés, que du bonheur. Ce qui laisse à penser que soit les ingés sons des grandes salles comme Forest National sont des bras cassés, soit ceux de Radiohead sont des génies… mais c’est une autre histoire.
En attendant le public est en extase. La set-list oscille entre In Rainbows et un best of des six autres albums, histoire de mettre tout le monde d’accord. Bien sur, une volée de bons souvenirs y passent.
Parmi les grands moments : Thom qui esquisse quelques pas de danse sur les beats d’Idioteque et une chouette version longue d’Everything in its right place.
Tout ça me fait penser à une interview de Yorke lue je ne sais plus où : « J’écoute énormément de musique électronique [Autechre, Squarepusher… ] mais malheureusement je ne fais toujours que des chansons ». Mais quelles chansons mon vieux !
Les lumières sont très étonnantes aussi. Aucun spot direct, mais chaque segment des tubes néons s’illumine indépendamment des autres, de manière à former des motifs psychédéliques qui accompagnent chaque chanson. L’écran est la plupart du temps scindé en quatre parties dédiées chacunes à une caméra. Le mixage et le montage de ces images en temps réel sont une véritable leçon de veejaying.
Outre l’aspect purement musical, Radiohead a toujours su choisir ses visuels avec soin. Depuis 1994, le travail du graphiste Stanley Donwood colle à l’évolution du groupe… images déstructurées, jeux typographiques, pochettes, clips, sites webs ne sont pas que de la déco, ils font partie intégrante de l’univers de _RAD IO HEA D…
Le tout est très pro et le show est bien rôdé. Jonny Greenwood agite sa longue mèche noire au dessus de sa guitare. Son frère Colin l’accompagne à la basse. Selway tabasse ses futs tranquillement et O’Brian alterne entre guitare et boîte à rythme.
Fin de la première manche, début des rappels. A la demande de Thom, la foule recule un peu pour laisser respirer la première rangée qui devait être, j’imagine bien, totalement écrasée. L’ambiance est plus intimiste, Yorke au piano, une caméra filme son visage en très gros plan. Faut-il le préciser, il a beau être le sex symbol d’une génération, Yorke a une tête plutôt étrange. Le voir quasiment avaler la caméra en noir et blanc met plutôt mal à l’aise mais constitue une forme de freak show que les fans de Lynch sauront apprécier.
Après deux bonnes heures de concert, le contrat est rempli. Pas de grosse surprise donc, « juste » un spectacle classe, à la hauteur de ce qu’on peut attendre d’un tel groupe. Un concert quasi parfait pour des artistes qui n’ont plus rien à prouver (pour le moment).
- Un tas de photos du concert sur Flickr…
- w.a.s.t.e. : les sites de l’univers Radiohead, une expérience en soit…
- Cet article a été publié le dimanche 6 juillet 2008 à 18:53 et est classé dans Concerts, J'adooooooore .
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