Massive Attack @ Lokerse Feesten
J’ai souvent été tenté par les Lokerse Feesten ces dernières années, surtout au vu des têtes d’affiche très nineties que le festival parvient à traîner durant 10 jours.
Cette année, Lokeren accueille notamment Sinead O’Connor, Sonic Youth, Alanis Morissette, Macy Gray, Supergrass, les rescapés des Sex Pistols et de Status Quo et surtout, surtout… Massive Attack.
Plus qu’un groupe, Massive Attack c’est carrément un pan de la musique électronique contemporaine. Sans eux, des groupes comme Portishead ou Archive, et ce qu’on appelle plus généralement le Trip-Hop n’auraient jamais vu le jour.
Au fil de cinq albums plus aboutis les uns que les autres, 3D et DaddyG – les deux têtes pensantes du groupe – ont développé une musique très personnelle. La recette est relativement simple : un tempo hypnotique, des basses énormes et des voix envoûtantes. Une recette qui a fait ses preuves. Je ne compte plus le nombre de fois où je suis tombé sur Teardrop au détour d’une playlist de blog ou d’une BO. Malgré le succès, ou peut-être à cause de celui-ci, le groupe n’a jamais vraiment trouvé un line up stable. Cependant, cette volatilité est loin d’être un handicap, surtout que les personnalités qui gravitent autour du groupe l’enrichissent de leur univers propre, que ce soit le hip hop (Tricky), le rock (Damon Albarn), le reggae (Horace Andy) ou encore la soul (Sinead O’Connor justement).
Une visite à Lokeren s’imposait donc. Après vingt minutes d’attente pour la navette parking-festival, j’arrive sur le site avec deux potes, juste après Tim Vanhammel. Le festival est en fait une grande scène entourée de cinq ou six bars et d’un stand « saucisses ». Vite rassasié et abreuvé, nous fendont la foule encore relativement clairsemée afin d’assister au concert de Siouxsie, deuxième groupe de la soirée. J’avoue sans honte que je ne connaissais la dame que de nom, l’ayant loupé de pu lors de son passage aux Ardentes. Un grand nom si on en croit sa biographie (« une artiste les plus importantes de la période post-punk »). Le ton est donné lorsque la quinquagénaire monte sur scène dans une combinaison de cosmonaute moulante que ne renierait pas Madonna avec une tête outrageusement maquillé à la Kiss. Au niveau musical, c’est effectivement assez rock, avec un son parfois assez lourd et une voix qui en impose pas mal. Mais pour ma part, la curieuse impression de découvrir du « déjà entendu » alors que la chanteuse a apparemment influencé de nombreux groupes que j’écoute actuellement. A l’image du morceau « Happy House » que je ne connaissais que par la cover des français de Ginger Ale et dont j’ai pu découvrir avec étonnement la version originale. Au niveau du show, pas grand chose à se mettre sous la dent, Siouxsie alterne les pirouettes (sensées démontrer qu’elle a gardé toute sa souplesse à 50 balais ?) et quelques mots en français au grand désespoir de nos compatriotes néerlandophones (bien que britannique, son père est Wallon, ceci expliquant peut être cela 😀 ).
Après une heure, Siouxsie s’en va sans avoir vraiment convaincu le public, sans doute venu majoritairement pour Massive Attack.
Et comme à leur habitude, les bristoliens ont sorti l’artillerie lourde avec deux batteries et surtout un immense écran d’affichage LED qui projetera du texte et différentes animations durant le concert. On rentre directement dans le set avec Antistar tiré du dernier album « 100th Window » (5 ans déjà !). Le son est impeccable, le jeu de lumière et le groupe aussi, tout s’annonce très bien.
Malgré une absence de communication directe avec le public, le mur lumineux affiche régulièrement une série de visuels, des extraits de rapports sur la guerre en Irak, des citations politiques aux travers desquelles transparaissent les engagement politiques de 3D.
Bien sur, impossible de réunir tous les collaborateurs des anciens albums pour le live mais la magie est toujours là sur scène. L’impressionnant DaddyG pose une voix assez grave pour remplacer celle de Tricky alors que les passages soul sont assurés avec brio par une chanteuse black largement à la hauteur. Par contre, Stephanie Dozen, la petite blonde qui s’occupe de la partie vocale de Teardrop ne semble pas totalement à l’aise. Du coup, elle expédiera le morceau un peu trop vite à mon goût, bien que son timbre de voix soit similaire à celui d’Elzabeth Fraser, la chanteuse originale. Rien qui ne puisse entacher ce très bon concert dont la set-list alternera judicieusement entre les classiques (Inertia Creeps, Teardrop, Ringinson…) et les morceaux du futur album Weather Underground (qui s’annonce dans la lignée de ses précurseurs, c’est à dire excellent). Et après l’hymne trip-hop qu’est Unfinished Sympathy, la soirée s’achèvera sur un Karma Coma du plus bel effet.
Tout grand groupe, tout grand concert. Massive Attack, ça, c’est fait !
- Trip-Hop.net – Très bon site dédié au genre
- Le site officiel de Massive Attack
- Cet article a été publié le jeudi 7 août 2008 à 13:53 et est classé dans Concerts, J'adooooooore .
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