Une semaine à l’Atelier
S’il y a bien un lieu à Bruxelles qui vaut la peine d’être découvert, c’est l’Atelier 210. Si à la base la salle est surtout réputée pour ses pièces de théâtre, elle accueille également pas mal d’autres événements culturels (souvent gratuits qui plus est !) : soirées contes, soirées jeux de société (les « lundimanches »), projection de courts métrages et pas mal de concerts labelés « Club 210 ». Poussée depuis 2005 par le travail acharné d’une dizaine de passionnés, l’initiative propose désormais une programmation qui fleure bon l’aventure et l’éclectisme dans tous ces domaines… et à ce titre, la semaine passée a été bien remplie.
Comme prévu j’ai été découvrir Noria et The Hills Mover le 19. Les deux chanteurs guitaristes se produisent dans le bar de l’Atelier dans une ambiance intimiste, entourés d’une vingtaine de personnes, sans doute leurs amis et connaissances pour la plupart. Le premier propose une voix et des sonorités qui ressemblent de manière troublante à celles de Fink. Etant donné que j’aime beaucoup ce dernier, je n’ai pu qu’apprécier la prestation même si les morceaux sont fort répétitifs.
Quant à The Hills Mover c’est en fait un side project du chanteur de Thot – « quoi ? tu ne connais pas Thot ?! » 😀 rassurez vous, je n’avais jamais entendu le groupe avant… allez donc voir de quoi il retourne ici 😉 D’après les démos du MySpace, on pouvait s’attendre à quelque chose d’assez travaillé. Malheureusement, en version acoustique j’ai l’impression que Grégoire Fray en fait des tonnes et force trop sur les modulations de sa voix. Dommage, mais les compos sont prometteuses et donnent envie de découvrir les morceaux bien habillés, peut être avec Thot ?
Vendredi, toujours au 210, ambiance totalement différente pour accueillir Belgikolor, une soirée qui fêtait le sixième anniversaire du collectif Laid-Back. Un petit buzz bien orchestré (des invitations sous formes de bombes de peintures cachées dans Bruxelles) et un chouette site (le tout concocté par Central Design) annoncaient une chouette soirée. Le public est assez hétéroclite : DJ, graphistes, fêtards, fans de hip hop mais tous attendaient avec impatience le clou de la soirée : un show basé sur de la peinture phosphorescente. Le concept était très original mais la réalisation pas tellement à la hauteur. Les acteurs arrivent sur scène vêtus de robes sombres et se livrent à une messe noire. Seulement, quelque chose ne colle pas au niveau de l’ambiance, le coté fluo-kid ruine complétement le coté glauque de l’affaire et le manque de mise en scène et de subtilité empêche de prendre le spectacle au second degré. Le spectacle ne durera finalement qu’une dizaine de minutes et laissera le public assez perplexe retourner auprès de la bière et des DJ’s…
Samedi, je remet le couvert pour le Be Live Tour : Vismets, Sioen, Puggy et Montevideo vs Compuphonic, soit quatre groupes belges plus ou moins confirmés. Après Gent, Leuven, Liège et LLN, cette mini-tournée belge s’achève à Bruxelles. Suite à un problème logistique, je n’ai pas pu assister au set de Vismets mais il faut bien dire que je n’avais pas été convaincu par leurs morceaux très « déjà entendu » fin janvier, toujours au 210.
Pas de gros regrets donc, surtout que j’arrive juste à temps pour Sioen. Première constatation, la salle est déjà bien remplie malgré le prix des places un peu prohibitif pour les ptits jeunes de 16-18 ans (qui constituent effectivement la majeure partie du public). Le groupe flamand m’avait par contre laissé une bonne impression lors des fêtes de la musique de Louvain-La-Neuve. Bien que peu causant, Frederik Sioen (clavier, guitare et chant) et ses musiciens (un batteur, un bassiste bonneté et un excellent violoniste chauve) assurent bien sur scène. Forcément certains morceaux rappellent un peu dEUS mais Sioen se démarque de son grand frère anversois par une approche parfois plus traditionnelle (certains airs de violons rappellent la musique celtique), parfois plus orchestrale (on pense cette fois à Venus). Le set est relativement calme mais se terminera comme il se doit dans un crescendo tonitruant et un public bien chaud.
Le public se fait encore un peu plus nombreux pour accueillir Puggy. Il faut bien dire qu’après un an passé à tourner un peu partout en Europe (et notamment en première partie de Incubus et Smashing Pumpkins) pour défendre leur premier album « Dubois died today », le groupe a fini par se tailler une réputation bien méritée et une solide fan base à Bruxelles. Pour ma part, je les ai vu il y’a plus ou moins un an lors du précédent Be Live d’ailleurs. J’ai également assisté à leurs concerts au Brussels Summer Festival, à Bruxelles Plage, aux Fêtes de la Musique… bref j’étais un peu blasé… Pourtant, pour la première fois j’ai eu l’impression que le groupe a atteint une certaine maturité rock. Sur scène, on ressent mieux la puissance des morceaux et on a moins l’impression d’assister à une démonstration de maîtrise technique de la part des musiciens. Dans la salle, le public est conquis dès les premiers morceaux et l’ambiance monte encore d’un cran lors du rappel, les plus motivés se lançant dans un pogo bon enfant (ça reste du Puggy quand même 😀 ). Leurs expériences précédentes ont sans aucun doute porté leurs fruits et on a désormais affaire à un groupe plus sur de lui. Pourtant les morceaux sont les mêmes, la touche Puggy (un jeu très complexe et carré entre le flamenco et Muse 😀 ) est toujours là, le groupe est resté modeste mais quelque chose a changé. Pour un mieux à mon avis.
Dernier groupe de la soirée, le projet Montevideo vs Compuphonic qui, comme son nom l’indique, associe le producteur Maxime Firket (Compuphonic) aux musiciens de Montevideo, grand rescapé de la mode électro-rock de 2006. Pas de grande surprise de ce coté là : le chanteur hyperkinétique sautille et chantonne dans tous les sens sur des beats disco. Ca bouge bien du popotin et c’est parfait pour transpirer et éliminer le trop plein de bière.
Bonne soirée qui confirme le bien que je pensait de Sioen et qui remet Puggy à l’honneur. La scène belge a encore de beaux jours devant elle 😉