Shurik’n – Ou je vis

Shurik’NA l’époque où je faisais mes premiers pas au collège, à l’époque où Skyrock était encore une radio respectable – c’était quand même une des premières radios française à passer régulièrement du rap, avant de perdre toute crédibilité dans les Skyblogs et le rapacotille…

Mais je m’égare…

A l’époque donc, Shurik’n me disait : Tu te crois homme mais t’es qu’un con / Et y’a qu’à toi qu’on l’a pas dit.

Avec Samurai, il a écrit son Grand Maulnes, le mien et celui d’une génération de petits branleurs bagarreurs par la même occasion :

Toujours vif, comme au premier jour de cour
Où tour à tour les mecs te matent
Claque pas de genoux
T’es viré de la cour
Tenir le coup, regard froid
Fais pas le tocard
L’œil au beurre noir
Faut mieux le faire que l’avoir

Shurik’n est un rappeur marseillais, membre du groupe IAM. Vous le savez sans doute, ce groupe est un des pères fondateurs du rap français, avec NTM. Loin des clichés du rap actuel, IAM a développé un rap original, influencé par les arts martiaux et la culture orientale (un peu à la manière du Wu-Tang aux USA).

[ Mais non je ne suis pas nostalgique et je ne crache pas (complétement) sur le rap français actuel. J’espère avoir l’occasion de revenir sur TTC, Svinkels, La Caution, Rocé et bien d’autres rappeurs qui se distinguent avec brio de la fange de R n’B et de gangsta rap diffusés à outrance par les gros médias. ]

Autant dire qu’on attendait beaucoup de ce premier album solo en 1998. Les premiers singles (Samurai, Lettre et Les Miens) ont vite mis tout le monde d’accord. Plus qu’un album de rap, il s’agit d’une (auto-)biographie. Vous pensiez que le rap est une musique mysogine et vulgaire ? Ici chaque chanson est écrite de manière très sensible et intelligente.

Il surprend sur le titre éponyme Où je vis, un monologue du troisième type qui s’adresse aux habitants d’un ailleurs meilleur. Une façon subtile de souligner les injustices surréalistes de notre société :

Mais qu’est-ce que je vais leur dire
Maintenant qu’ils sont là?
Bienvenue, ça fait longtemps qu’on vous attend?
Franchement, on n’y croyait plus

[…]

J’espère que chez vous c’est pas comme chez moi
Construire sa vie avec la mort en soi
Vivre en armure, sentir son sang devenir froid
Je sais, c’est pas gai, mais tout est vrai
Ici les gens pas comme les autres
On les hait depuis l’éternité

Toujours très cinématographique J’attends raconte l’histoire d’un condamné à mort après un braquage foiré (un thème qui est repris maintes fois dans la mythologie du rap français, que ce soit sur le Hold-Up du 113 ou dans le pitoyable J’voulais de Sully Sefil…)

Retour à l’auto-biographie dans une Lettre qui s’adresse à un hypotéthique petit-fils :

Si tu lis cette lettre, c’est que j’ai dû m’absenter,
Un peu avant qu’t’arrives mais j’pouvais pas rester le taxi attendait,
Que faire je sais plus par où commencer, j’avais plein de choses à dire,
Mais pour écrire j’suis bloqué,
Mais j’vais m’lancer, tu sais la vie c’est pas toujours comme on veut,
C’est souvent comme on peut…

Les instrus sont variées et plusieurs invités de marque (les autres membres d’IAM, Freeman et Akhenaton évidemment mais aussi e 3e Oeil, la FF et Faf La Rage) font leur apparition et assurent un flow à la hauteur du fond.

Si vous ne connaissez pas encore cet album ou que vous avez un a priori négatif sur le rap, c’est par cet album qu’il faut commencer !

Le clip de Samurai : http://www.dailymotion.com/video/x9t9g_shurikn-samourai

  • Cet article a été publié le dimanche 29 juillet 2007 à 15:54 et est classé dans Albums .

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