Alela Diane @ AB
ou plutôt Alela and Friends puisque cette soirée accueille également Jana Hunter, Mathieu Houck (aka Phosphorescent) et Mariee Sioux. Cette dernière étant d’ailleurs la meilleure amie d’Alela, on la retrouve également dans les choeurs de l’album Pirate Gospel et très logiquement sur scène avec sa copine. Et si Alela Diane reste méconnue du grand public, le sold out de ce mardi soir atteste qu’il n’en va pas de même pour les nombreux amateurs de folk alléchés par la programmation du Domino Festival.
Etant arrivé à la fin du concert de Jana Hunter, je ne pourrai malheureusement pas en faire la chronique mais je vous invite à vous faire votre opinion sur son MySpace…
Les choses sérieuses commencent donc à 19h45 pétantes dans une Ancienne Belgique en mode ABTheatre, c’est à dire environ 250 places assises sur les gradins installés dans la fosses et autant dans les balcons. Le silence se fait lorsque la petite Mariee Sioux arrive seule sur scène avec sa guitare. Ses premiers mots étranglés, quelque chose comme « glups, it’s quite a big room… » et sa voix fluette laisse présager les premiers pas sur scène d’une fille timide. Dès les premiers accords, c’est pourtant une voix envoûtante et assurée qui envahit la salle. Une voix assez proche de celle d’Alela Diane sans pour autant atteindre la profondeur de celle de son aînée. Entre deux gogées de vin rouge, elle tentera de communiquer, tout en jouant avec son image de timide, ce qui donne lieu à des passages très mignons : « usually, this is the time I tell a joke… but it’s not easy when you are on stage… alone… Well it wasn’t funny… no that I intended to be funny anyway… » – fin de phrase étranglée avec un grand sourire. Qu’importe, le lien avec le public a déjà été établi par ses longues ballades qui créent un univers confortable et délicat, sans grande surprise mais avec grâce. Et c’est déjà beaucoup.
Trois quarts d’heure plus tard, c’est au tour de Phosphorescent de sortir sa guitare… Ne sachant pas si ce concert devait avoir lieu dans la salle principale ou à l’AB Club, je décide d’aller me renseigner à l’entrée, laissant à mon pote le soin de garder les places. Le concert se déroulant effectivement à l’AB Club, la limite de 250 places est déjà dépassée. Je retourne donc vers la grande salle et là, surprise, le mec de la sécu ne laisse plus rentrer personne durant une demi-heure, soit-disant à cause du sound check. D’une part, une file grandissante de mécontents ayant laissé leurs famille, leurs amis ou tout simplement leurs affaires à l’intérieur se forme devant le garde bilingue mais intraitable. D’autre part les gens continuent à sortir de la salle sans que personne ne les préviennent qu’ils ne pourront plus y retourner avant le début du concert suivant… Bref, une organisation complétement absurde.
Ne souhaitant pas ruminer en vain devant la porte, je décide de rejoindre l’autre file, celle des gens qui attendent qu’une personne sorte de l’AB Club pour prendre sa place. Au final, je n’aurai le temps de voir que les quatre derniers morceaux de Houck. Lequel s’inscrit pleinement dans la nouvelle vague folk, aussi bien musicalement que physiquement physiquement (non, il ne se barbouille pas de peinture phosphorescente comme ces barbares de Punish Yourself – ce soir, barbe et cheveux fous sont de rigueur !). C’est purement subjectif mais il y’a des sets acoustiques qui ont tendance à m’ennuyer. Et malheureusement, sur ces quatre chansons (dont une reprise), je ne suis pas vraiment enthousiasmé par la configuration guitare et voix, bien que le chanteur y mette beaucoup du sien. Une ballade cependant se démarque du lot : « I Am a Full Grown Man (I Will Lay in the Grass All Day)« . Ce qui me laisse à penser que l’album du gaillard est plutot bon et mérite qu’on s’y penche un peu plus attentivement.
Finalement, retour dans la grande salle en adressant au passage un grand sourire au vigile. Mon pote a patiemment gardé les places. Heureusement d’ailleurs, les 500 personnes sont maintenant réunies pour accueillir la chanteuse californienne. Alela Diane n’a pas trop de soucis à se faire, on se rend compte dès son arrivée sur scène que le public est déjà conquis. Elle est rejointe par son père à la guitare sèche, par Mariee aux choeurs et par Matt Bauer, un pirate chauve et barbu, au banjo. « How do you, how do you do », les premières paroles de « Clickity clack » sont de circonstance… La petite famille étant réunie, on retrouve immédiatement cette musique à la fois fortement ancrée dans la culture traditionnelle américaine et la voix sans âge d’Alela Diane, bien qu’elle n’aie que 25 ans.
S’enchaînent ensuite les morceaux de Pirate’s Gospel ainsi que quelques standards du gospel et de la musique californienne. Parmis ceux-ci, un duo banjo et voix qui bouge bien sur Sea Lion Woman, un classique déjà brillamment repris par Nina Simone et plus récemment par Feist. La complicité entre le père et sa fille est flagrante. Un père visiblement fier de sa fille et plutot blagueur d’après cette dernière.
Les spectateurs attentifs avaient déjà pu remarquer qu’il y’avait beaucoup plus que quatre micros sur scène… Comme pour illustrer un couplet de la chanson « Pieces of String », un choeur de 10 jeunes filles vient rejoindre les musiciens :
I’ll have you know
That if I had 10 or 20
I’d have a choir of little children sing along
Le public déjà très chaud n’en demandait pas tant. Après le coup de la section cuivre lors du concert de The National, j’adore quand l’AB met les petits plats dans les grands. L’ambiance monte encore d’un cran et s’emballe carrément sur un « Pirate’s Gospel » endiablé à la grosse caisse. Après le départ du choeur (« I don’t think they would fit in the van anyway… » dixit le père avec un grand sourire mais une pointe de regret…), Alela termine son set avec son « single » si j’ose dire : « The Rifle ».
Inutile de dire qu’on n’allait pas la laisser s’en aller tout de suite. Le concert se terminera véritablement avec « Oh! My Mama », un morceau autobiographique (« Oh my Mama / She told me use your voice / My little bird »…) et une chanson sifflée entre des dents blanches, issue d’un EP quasi introuvable (« Songs Whistled Through White Teeth »).
Après un concert impeccable, on connaît des divas qui auraient été boire du champagne en coulisse. Ce n’est pas le cas de la petite troupe qui se retrouve directement derrière un stand pour dédicacer ses albums et prendre le temps de discuter avec le public. Amies à la ville comme à la scène, Alela et Mariee prennent volontiers la pose pour les photos souvenirs… Damn, je n’ai pas d’appareil, mais j’en profite pour les féliciter. Charmante et naturelle, Alela semble surprise qu’on s’intéresse à sa musique, au point de remercier chaleureusement chaque personne qui s’approche du stand… comme si elle n’avait pas livré un des meilleurs concert de cette année 😀
- Cet article a été publié le mercredi 16 avril 2008 à 16:04 et est classé dans Concerts, J'adooooooore .
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Très bonne chronique d’un concert qui restera un des temps forts de cette période pré-festivals : Alela nous manque déjà :-s
Merci pour ton commentaire Tibo. Je suis curieux de voir si Alela arrivera à garder cette touche à la fois intimiste et intemporelle dans ses prochains albums et concerts… en tout cas, des artistes comme elle ça fait vraiment chaud au coeur ;o)