Fink + Soap & Skin @ Nuits du Bota
A quoi bon écrire des live reports une semaine après un concert. Je me pose souvent la question…
Mais comme je me promène de salles en salles sans carnet de notes (hérésie !) et sans appareil photo (has been !), je stocke quelques impressions dans ma boîte crânienne. Et ma foi, si le concert est bon, les souvenirs sont d’autant plus vivaces…
Chose rare, j’avais choisi ce concert avant tout pour sa première partie, c’est à dire Fink, dont j’avais adoré l’album « Distance and Time » (cf cette chronique). Soap & Skin, j’en avais vaguement entendu parler mais c’est d’une oreille totalement vierge que j’allais découvrir son univers.
20h pétantes, retour dans une Rotonde à moitié remplie. Au premier rang, chose ô combien surprenante, je retrouve Marc qui connaît décidémment tous les bons plans de la capitale 😉
Fin Greenall et Guy Whittaker, son pote bassiste arrivent rapidement sur scène. Pas de batterie donc. Ce n’est pas excessivement gênant puisque la musique de l’anglais se prête plutôt bien à un set intimiste. Et à part Yoav, je ne vois pas qui pourrait faire sautiller une guitare aussi bien que lui.
Comme on pouvait s’y attendre, il défendra avant tout son nouvel album, « Sort Of Revolution ». Pas de grosses surprises sur ce dernier, les fans adoreront, les autres risquent peut-être de se lasser. Heureusement, les meilleurs morceaux de ses albums précédents font également partie de la set list. Et ils font leur petit effet et les gens qui les découvrent ce soir semblent bien accrocher si on en croit les applaudissements de plus en plus nourris. Pour ma part, petite déception sur Blueberry Pancakes qui n’aura évidemment pas la même pêche sans batterie. Mais je suis agréablement surpris par les tout nouveau Q & A et If I Had A Million (le morceau le plus joyeux qu’il aie jamais écrit d’après les dires de l’auteur).
La salle est maintenant remplie et assez chauffée pour accueillir la tête d’affiche. Et même si son bassiste semble pressé de rejoindre le bar, Fink ne peut que céder à un solide rappel. C’est donc seul à la gratte qu’il termine ce set de près d’une heure sur un très beau If Only.
Place ensuite à Anja Plaschg aka Soap&Skin. Une petite brune, croisement entre Morticia de la famille Adams et une sorcière d’Eastwick s’installe au piano. L’ambiance est directement assez lourde et tendue, la petite ne respire pas la joie de vivre, c’est un fait. Je repense d’ailleurs à son interview dans le Rif-Raf de ce mois-ci :
Quel rapport entretiens-tu avec la mort ?
Chez nous, c’était une ferme avec 2500 cochons. Très souvent j’ai vu des cochons morts empilés les uns sur les autres. Cette image m’a marqué très fort mais ça ne m’empêchait pas de me comporter normalement et naturellement avec les animaux vivants.
Enfin voilà, le décor est planté. Un peu désorienté, j’ai d’abord du mal à rentrer dans cet univers de cabaret gothique. La voix est bonne, avec des accents qui rappellent un peu Amanda Palmer des Dresden Dolls. Cependant, je n’accroche pas toujours aux accompagnements électroniques de son laptop. Un je ne sais quoi de trop artificiel, qui ne colle pas avec la densité de sa musique. Mais à un certain point, Spiracle, le déclic survient. Je finis par compatir avec le petit animal qui hurle et souffre devant nous. Plus sérieusement, cette fille ne chante pas avec ses cordes vocales mais avec ses tripes, on ne peut y rester indifférent.
Autre point d’orgue, un morceau purement électro qui sert d’intermède chorégraphique. Anja descend de la scène, se contorsionne, s’effondre, se redresse, c’est carrément flippant. Le set continuera dans le même esprit, sans pause, sans autre interaction avec le public.
Même si, après coup, je ne suis pas (encore) convaincu par les morceaux que proposent son MySpace, Soap&Skin en concert, c’est une expérience austère mais très impressionnante.
Je vous invite à lire la chronique de Marc et celle de Rudi si vous voulez plus de détail…